mardi 30 mars 2010

Road-Trip au Québec : Montréal - Tadoussac










Road-trip hors des sentiers battus, loin de Montréal, direction plein Est, lancés à fond de balle dans une Communauto bien cradingue...

Glacière salvatrice fournie par des logeuses bienveillantes. Tente achetée à prix d'or - pas de Quechua ici, les Français se repèrent de loin...- mais normalement résistante à tout type de pluie...
Le coffre XXL bourré à craquer d'une ultime virée Iga. Trois bouteilles de butane - sommes capables de tenir un siège au dire du spécialiste ès recharges du Canadian Tire !

Conduite automatique assez peu farouche, pas de frein moteur, ai l'impression d'écraser la pédale à la moindre bifurcation à angle droit - et il y en a un paquet au Québec !

Voyage longtemps rêvé et planifié, hors des grandes villes. Au coeur du Québec rural et un peu paumé, aux paysages fabuleux, et à la vie qui s'écoule tranquille !

Direction le Parc national des Grands Jardins en longeant le Saint-Laurent - autoroute - route de la Nouvelle France - Chemin du Roi. Axe à la circulation dense, rapidement quitté pour s'enfoncer dans région de Charlevoix.

Foret profonde et humide, traversée par une route rectiligne. Premier camping. Grandes parcelles espacées. Premières rumeurs d'animaux sauvages, d'oiseaux en tous genres, d'écureuil et d'ours.

Nous endormons au bruit du vent dans les branches, au son des larges feuilles transpercées d'une pluie cinglantes, nus comme des vers dans une tente trop grande pour nous, tous ravitaux utiles -(et dangereux en ces endroits hostiles à l'homme)- planqués dans la voiture !

lundi 29 mars 2010

Montréal, une ville à angles droits










Avec ses constructions à angles droits, Montréal se prête bien aux mises en scènes géométriques : rencontres de lignes perpendiculaires, jeux d'ombres et de lumières qui se découpent bien nets sur le béton poli, même l'écume blanche des avions en phase d'atterrissage à Trudeau participe à ce jeu de mécano géant, comme un prolongement aérien de la ville en une troisième dimension verticale qui donne le vertige...

Pourtant, à y regarder de plus près, rien n'est vraiment net ici, il y a toujours un petit quelque chose qui dépasse, une rugosité sous le regard, des anfractuosités dans les blocs de pierre, les cisaillements du bitume chaud des routes et des trottoirs, des murs qui se lézardent, les escaliers de fer qui lentement se désagrègent en de longs saignements pourpres, des palissades en bois qui se fendillent sous les couches successives de gels et de redoux...
Un monde de fissures et de brisures qui donnent à cette ville un charme étrange et particulier.

Jamais l'œil ici ne se repose...

Affichage des images dans blogger

Plus aucune image ne s'affiche, ni dans le blog, ni dans l'éditeur de texte... Peut être vivent-elles une vie dans un espace temps parallèle au nôtre, bercé par des flots azurs en Technicolor !

samedi 27 mars 2010

Montréal : friches, tags et herbes folles







Montréal, à la frontière du Plateau et de la Petite Italie, une zone de transit un peu en friche : des herbes folles, une voie ferrée qui fait office de garde barrière, passage de trains fantômes aux horaires erratiques - apparaissant par magie, s'évanouissant dans le mirage lointain de notre imagination - entre deux séances photo, une vieille usine désaffectée qui se donne des airs d'ateliers des artistes (à moins que ce ne soit l'inverse...), et pas mal de tags !

vendredi 26 mars 2010

Installation à Montréal - 4








Deux semaines à sillonner Montréal en tous sens à la recherche d'un appartement. Quartier olympique et longues rêvasseries dans le Parc Maisonneuve, coup de cœur pour Côte des Neiges (où nous resterons quelques temps dans les tours universitaires béton), marche forcée suffocante sur les rives du Canal Lachine, visites d'apparts surplombants le marché Jean Talon dans le quartier de la petite Italie dans lequel nous aurions bien posé nos sacs tant le quartier nous paraissait idéal, pour finalement trouver un îlot parfait sur le Plateau Mont-Royal, plein soleil, design chaleureux et dessus de lit de dentelle rose HA !, le point de départ idéal de nouvelles aventures...

jeudi 25 mars 2010

Installation à Montréal - 3




Impressions américaines que je pensais avoir laissées en Louisiane, en compagnie d'un grand pan de mon adolescence et d'une bonne part d'innocence perdue, mais qui ressurgissent ici comme si de rien n'était !

L'odeur sèche et givrée de la clim, le poids de la chaleur moite qui plombe les après-midi d'été, donnant aux touristes une nonchalance vaporeuse, les laissant se mouvoir sans grâce entre deux vagues de fièvre, l'odeur du goudron chaud arrosé d'averses nocturnes - pas rafraîchissantes, non, tout justes bonnes à rythmer les journées et à exciter les sens. Aussi, les larges trottoirs, les trucks géants, les limos de 20 mètres, les routes rectilignes transpercées de nuages, les robes de soirées scintillantes, les maisons biscornues en ossature bois avec une balancelle sous la terrasse où siroter des litres de limonade glacée, les bars tout grésillants d'enseignes vertes et rouges, sentant bon le vieux bois et la bière rance...

Un univers d'infinis sources de rêveries sans fin ...

Installation à Montréal - 2

Décalage horaire créant un fossé entre deux mondes. Six heures béantes à combler bien plus vastes et profondes que les Kms qui s'étendent en une longue hyperbole au dessus de l'Atlantique.

Deux courtes journées à errer hagard dans les rues dépeuplées aux premières heures du jour et à apprivoiser un périmètre aux cercles concentriques autour de l'appartement. A rayer sur notre liste les passages obligés : tourner à angle droit, les tours du quartier d'affaires, le port désert balayé d'un vent glacé venu du pôle, vieux reste d'un sursaut d'hiver - sommes les seuls à être emmitouflés, les montréalaises sont, elles, imperturbables dans leurs petites robes à bretelles - grimpette de deux heures sur la colline du Mont-Royal pour une vue mille fois ressassée, les ruelles tellement bucoliques du Plateau.



Deux jours à croiser nos premiers québécois, si gentils et courtois. Qui ne nous voient pas. Nous sommes transparents comme des fantômes.

Deux nuits de plomb, des rêves en nuances de gris, au plus profond de la conscience. Flash-back et passage en revue dans des éclairs de fièvre de toute une galerie de portraits. Des amis, la famille, des embrassades échangées, des repas sans fin, des verres trinqués qui laissent au réveil comme une réminiscence de tintement de cloche un matin de Pâques.

Six heures de décalage horaire comme un ultime sursis, un trou dans l'espace temps. Une vie en parallèle, continuation de ma vie d'avant profitant du moment de grâce pour adoucir les fissures d'un départ tellement attendu et pourtant trop rapide. Six heures à courir les demandes de pardon et les bénédictions.

Six heures pour que lentement les deux masses visqueuse et mouvantes de deux vies séparées se rencontrent, rebondissent sur leur surface glissante, se rencontrent à nouveau, se collent et s'agglutinent une bulle translucide et légère, portée par des vents ascendants vers un destin nomade et bondissant.


Alarme incendie. Réveil en vrac d'un sommeil profond. Sursaut. Images saccadées. Ce qui reste de réflexe pour empoigner un sac de survie - les papiers et l'argent - passer la barrière de fumée du troisième étage et se retrouver à moitié à poil parmi les locataires pas plus impressionnés que ça. Déphasage complet.

mardi 23 mars 2010

Installation à Montréal - 1


Le décollage a finalement eu lieu !

Moi qui n'y croyais plus, qui pensais que les terribles lois d'un destin contrarié auraient raison de mon triste sort, que je serais terrassé quelques jours avant le départ par une attaque cardiaque, que l'avion serait cloué au sol par une invasion de sauterelles, que la foudre s'abattrait trois fois, et au même endroit, sur moi !

Rien de tout ça ! Pas le moindre rhume à l'horizon, les animaux dans leur tanière et la grippe gentillement attendant l'hiver.

La chemise pour être beau à la douane trempée de sueur, les mains pleines de valoches, deux sacs rivés au corps, le cerveau en ébullition, bouillonnant comme une marmite des premiers jours, enserré par un feutre de poils de castor sans doute fraîchement dézingués dans mon pays d'adoption, je passe fièrement la frontière et entre dans le no man's land des zones de transit où l'homme est libre de ses rêves les plus fous. Un ange passe trainant dans son sillage un zéphyr aérien s'élevant langoureusement. L'avion dans sa foulée. Toute la masse d'un 747 lancée à pleine puissance vers des horizons nouveaux !

Arrivée à Montréal, taxi rasta rocket slalomant de toute la mollesse permise par sa boite automatique entre les gros trucks américains gavés d'essence, arrivée surréaliste et tant attendue par un périphérique surélevé laissant derrière nous des zones de friches industrielles, des terrains sableux et à jamais irrécupérables, des petits restaurants cradingues que l'on aimerait mal-famés et grésillant de néons verdâtres, vantant les mérites rafraichissants de Bud ou de Coors, comme dans les films, et laissant apparaître au loin, dans une brume orangée de début de soirée, les tours du down-town de Montréal.

Le taxi s'octroie un généreux pourboire, premier racket du genre, ce ne sera pas le dernier, et nous lâche rue Durocher au pied d'un immeuble brun dépareillé lézardé dégueulasse. Idéalement situé entre le centre des affaires et les prémices du plateau, entouré de résidences universitaires, avec une vue moitié sur un immeuble aussi pourri que le notre, mère de famille débordée la clope au bec et le cheveux gras, le gros du bide entre deux âges vivant en slip toute la journée - cette chaleur moite vous comprenez - se protégeant des regards et du soleil d'un drap crasseux tendu sur les fenêtres, moitié dégagé vers l'Est et les abords du port.



L'appart à l'avenant, fenêtre s'ouvrant au tiers laissant l'atmosphère suffocante, les lattes des stores cassées, un électroménager de poupée Barbie, un chewing-gum dans la baignoire.

Le paradis !

Retour vers le futur

Retour en arrière. Les premiers mois de l'installation à Montréal. Presque un an déjà, de la moiteur de juin, aux froids givrant nos têtes blondes dans le vent d'hiver, à la pluie fine et désolée d'un mois de mars qui s'étire et se meurt, hoquetant ses derniers soubresauts de neige et de crachin mêlés.