vendredi 18 avril 2008

J'adore Paris !

Saucissonné dans un siège charter en partance pour la Finlande, me voilà à la merci de mon voisin sympathique, affable, et néanmoins extrêmement alcoolisé, me susurrant à l'oreille d'une voix pâteuse chargée de Lapin Kulta (L'or de la Laponie) : J'adore Paris.

Le voyage suit son cours ; l'altitude ayant cette particularité intéressante de démultiplier l'euphorie, mon voisin s'enhardit et le murmure tendu mais presque distancié, maîtrisé au prix d'un effort violent, devint déclaration d'amour ; l'affection amicale, tirade dithyrambique et bientôt étreintes et sanglots !

Tout y passa :
    - Les monuments de Paris, les plus beaux du monde, figés comme les maisons de sucre d'Hansel et Gretel. Le Sacré Coeur dominant la morne plaine.
    - Les chanteurs populaires et non des moindres, la môme Piaf en tête, toute encore frémissante de passion, son petit menton qui tremble, toujours prêt à s'échapper de ses lèvres entrouvertes un murmure à vous fendre le coeur.
    - Les rues de clair-obscur, qu'on imagine sans peine en noir et blanc, les pavés scintillants encore d'une ondée dans le soir. Les photos qu'on a en nous et qu'on trimballe partout, de Doisneau et de Brassai.
    - Des parisiennes en Technicolor, toutes en robes flamboyantes, tressautantes de petits pas menus, belles et muettes, enivrantes comme un délire de fièvre.

Entre deux apparts [entre deux couches de peinture, ponçage, polissage, grattage et toutes ces sortes de mots en age], je sillonnai Paris d'Est en Ouest. Je repensai à mon ami finlandais et me disais que le Paris de ses rêves éthyliques avait bien changé...


Paris est vivant, et il bouge et il gueule ! Il est coloré et t'étreint et te mord, et souffle dans ton cou une rengaine mauvaise à ne plus te lâcher...

A vélo, la nuit, c'est un traveling de film !
Des Champs au Boulevard Saint-Honoré, on roule sur du velours. [Engueulade avec des taxis aux intersections - prise de la Concorde sous les marronniers, face à l'ambassade américaine - moment rare de satisfaction tenant à la main mon vélo tout pourri qui piaffe d'impatience passant en revue des bagnoles reluisantes faisant le pied de grue devant l'Automobile Club de France]. L'air ensuite devient une écharpe de luxe et le spectacle se déroule dans un décor de théâtre [Gomina, chemises roses et costumes rayés. Quelques hauts talons rehaussés de manteau de fourrure, en représentation devant l'Hôtel Costes, font des allers/retours pleins d'emphase entre deux limousines. Ca sent le soleil toute l'année, la saveur douce amère de la Margarita, le cigare et la brillantine].

Des Halles à la Porte Saint-Martin, la rue change de rythme. Rue des Petits-Carreaux, Rue Montorgueil, décrochage devant La Grille pour prendre vite fait la Rue Saint-Denis devant le Frog And Rosbif.
L'air du Nord est sec et vif. Plus râpeux aussi. Les couleurs sont moins tranchées, passent de l'acidulé rose bonbon au sombre du vert bouteille et au jaune olive. La vie à la consistance riche et pâteuse des grandes toiles d'Asger Jorn. Une vie rugueuse et des problèmes pas simples ; une densité de crêpe en béton. La chaleur monte aux joues et dans la gorge un goût de sang rouge et de rance poisseux se mélange à la salive.

Canal Saint-Martin - Terminus haletant. Cradingue et bohême. Le quartier change pourtant, des petites boutiques mignonnes vendant l'air du temps fleurissent un peu partout. Pour le reste, c'est mélangé, vivant, excité, énervé et heureux, et un peu n'importe quoi... Pique-niques de bazars hétéroclites, de bière et de champagne, apéros à Artazart, rock râpeux au Jemmapes, en français ou en polonais, selon l'humeur !

J'adore Paris !...


1 commentaire:

  1. Merci !... Le blog ne répond plus, peut être pour de nouvelles aventures chez un nouveau petit hébergeurs tout neuf ?
    Perso j'aurais bien besoin d'un nouveau portable, le mien , un Nokia tout pourri mais increvable, bat des records de longévité... Bientôt le Guinness...
    A +

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